mercredi 19 décembre 2012

6. FORTON, ou Vaillant à l'heure américaine !

De tous les sujets et récits abordés et "exploités" chez Vaillant, il est un thème qui a toujours fait l'unanimité, de manière presque caricaturalement contradictoire : le western ! Cette thématique sera développée dans le film, car elle correspond à un véritable phénomène culturel et sociologique de l'après-guerre (jusqu'au milieu des années 70)
Dans un illustré pourtant destiné dès le départ à la jeunesse "progressiste", issue du PCF (et de manière générale peu encline à une attitude complaisante vis-à-vis de tout ce qui vient des Etats-Unis...), le western sous toutes ses formes a été le genre-phare pendant plus de 3 décennies. 
L'exotisme des grands espaces et des conflits qui se résolvent à coups de revolvers ont fait fantasmer des générations de lecteurs et de cinéphiles, particulièrement au lendemain de la Seconde Guerre. Une génération inondée d'un coup par le cinéma américain et ses mythes.


Ci-dessus : un supplément au Vaillant 552 (1955) proposant l'un des westerns vedettes de l'époque dans le journal, "Sam Billie Bill" dessiné par Lucien Nortier, et à droite la couverture du Vaillant 1010 (de 1964), qui met l'indien à l'honneur, comme ce sera souvent le cas dans les récits illustrés et les BDs.
Parmi ces jeunes gens imprégnés par le western et la série noire américaine (y compris avant-guerre, avec la lecture des BDs américaines importées dans "Hop-là" et "Robinson", par exemple)), il y avait notamment Gerald Forton (né en 1931 ; petit-fils de Louis Forton) et Roger Lecureux (né en 1925, scénariste-vedette de Vaillant et l'un des futurs rédacteurs en chef de Pif-gadget - son personnage le plus célèbre étant Rahan).

(Gerald Forton et l'un de ses chevaux en Californie, 2007
image © Amélie Boiron)
Gerald Forton réside depuis 32 ans aux Etats-Unis. 
Passionné de chevaux, il possédait un ranch dans le sud-ouest de la France, et aujourd'hui il lui arrive encore de participer à des démonstrations de rodéo en Californie...
Les lecteurs de Spirou se souviennent de ses bandes pour les "Histoires de l'Oncle Paul". Les lecteurs de Pilote gardent un souvenir nostalgique de son dessin pour Bob Morane.

Quelques amateurs de BD classique franco-belge savent qu'il a dessiné le premier tiers de l'album "L'affaire du collier" de la série Blake et Mortimer.
Ces 16 premières planches sont un étonnant compromis entre le style très pointilleux de Jacobs et la manière "américaine" de Forton, jusque dans les encrages.
Pour ceux qui auraient des doutes, il suffit de comparer les premières pages avec les dernières... ou de remarquer ci-dessous, avec la 1ère case de l'album, la manière élégante de dessiner les femmes... ce que semblait se refuser le créateur de Blake et Mortimer !
Les bédéphiles américains connaissent de lui ses collaborations à Marvel ou DC Comics (Jonah Hex, ou le super-héros Black Lightning...).
Quelques réalisateurs américains ont conservé certains de ses storyboards pour des séquences de films (voir dans les liens, un peu plus loin)

Les anciens lecteurs de Vaillant puis Pif-gadget se rappellent de son style si "américain" pour des westerns et récits policiers, mais avant tout pour son "Teddy Ted", magnifique western réaliste qui renvoyait autant aux films de John Ford, Henry Hattaway ou Anthony Mann qu'aux débuts du western-spaghetti. Je ne suis pas le seul à penser que Teddy Ted, que Forton a dessiné pendant 11 ans, est son véritable chef d'oeuvre et la série qui lui est la plus proche (style, thèmes, souci du réalisme...). Si Blueberry est sans doute - en France - la référence absolue du western réaliste en BD, Teddy Ted restera peut-être "l'autre grand western en BD" méconnu, plus classique mais néanmoins passionnant.

Dans Pif-gadget, en 1975, lorsque la rédaction décide d'abandonner Teddy Ted - considéré comme appartenant trop au passé - Gerald Forton allait se voir proposer pendant une année l'adaptation de la célèbre série TV "les Mystères de l'Ouest"...



(ci-dessus à g. : la dernière planche du 1er "Teddy Ted" (scénario de Jacques Kamb, dessin de Hidalgo, alias Yves Roy) et à droite l'annonce du retour du Teddy Ted "new look", scénarisé par Lecureux et dessiné par Forton - en 1964)

J'ai eu l'occasion d'interviewer Gerald Forton à trois reprises, ce qui permettra d'aborder dans le film cet aspect très intéressant de la culture populaire "jeunesse", y compris dans Vaillant. Il m'a raconté la manière dont le western est arrivé pour les gens de sa génération, son travail avec Roger Lecureux, comment Vaillant était perçu et aussi une anecdote sur l'un des très rares petits accrocs "idéologiques" avec la rédaction, sur une BD guerrière - alors qu'en fait on l'a toujours laissé totalement libre de s'exprimer graphiquement et proposer des récits inspirés de classiques américains dans ce journal communiste !

Et il a dessiné pour la caméra ce qu'il aime le plus au monde : les chevaux...
Le dernier tournage a eu lieu début décembre 2012, puis Gerald a repris l'avion. Le reverra-t-on en France ? A suivre...

Il y a 3 ans, j'avais réalisé un petit sujet vidéo sur Forton, mais l'ai retiré provisoirement, car d'une part il contient des images que je souhaite garder pour le film, et d'autre part je mettrai en ligne d'autres sujets avec Gerald...
Au passage, je tiens à remercier chaleureusement Gérard Boiron et toute sa famille pour leur accueil et pour la possibilité qui m'a été donnée grâce à eux de rencontrer et d'interviewer Gerald Forton (sans oublier la gastronomie angevine, qui est un autre sujet, trop long à développer ici ! haha). Merci également à Paul Leroux, à la librairie Amazonie BDfan de Forton qui m'a permis de tourner en toute impunité dans sa librairie envahie d'aficionados en file indienne, leurs albums à dédicacer à la main...



Je renvoie aux sites ci-dessous pour en savoir plus sur la carrière phénoménale de Gerald Forton, et aussi sur Teddy Ted :







... et ne pas oublier la somme astronomique que représente le livre de Richard Medioni, "L'histoire complète 1901-1994", sur la saga de Vaillant, Pif et quelques autres, qui contient un chapitre sur Gerald Forton (auquel je ne suis pas peu fier d'avoir contribué). 


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Débuts de Forton chez Vaillant en 1950, en même temps que Jean-Claude Forest : dans le premier "petit format" français : 34 Caméra (également baptisé au début "34 aventures") dans lequel ont démarré quelques pointures de la BD française, notamment J-Claude Forest et Paul Gillon !.  On remarque immédiatement, ci-dessous, l'influence des BD américaines de l'époque, notamment celles dessinées par Milton Caniff.




Le "Red Ryder" de Fred Harman, créé avant-guerre, est l'une des références les plus souvent reconnues par Gerald Forton lui-même, quand il dessinait Teddy Ted. Il m'a raconté avoir apprécié le réalisme de l'ambiance de ce western, et le fait que le cow-boy n'y soit pas uniquement une figure mythique, mais un vrai "garçon-vacher" !











Gerald Forton a appliqué son style très "américain" à l'un des personnages-phares de Vaillant : le journaliste enquêteur Jacques Flash. A comparer avec son "Bob Morane", qu'il dessinait en parallèle à la même époque.
(Pour la petite histoire, certains récits étaient écrits par Georges Rieu, futur rédacteur en chef de Vaillant et créateur de la formule Pif-gadget...)

L'un des passe-temps de Forton, devant l'une de ses lectures d'enfance. 
(photo prise en 2010). Il m'a d'ailleurs confié que selon lui, Robinson (qui ne contenait que des bandes américaines importées) a été un peu la matrice de la maquette de Vaillant, au niveau de sa composition et de l'agencement des séries qu'il contenait.


En 1973, Teddy Ted est l'un des rares personnages de Pif-gadget qui ait droit à son trimestriel. Dr Justice connaitra le même honneur ; Rahan sera le seul personnage à poursuivre l'aventure de la publication indépendante au-delà de Pif. 
(Ci-dessus : case de démarrage "classique" pour Teddy Ted, dans le n.192 de Pif-gadget.
On sent le plaisir qu'éprouve Forton à dessiner l'arnachement du cheval.)


La reprise des "Mystères de l'Ouest" dans Pif-gadget en 1975 correspondait à une vague d'adaptations de séries à succès de la TV. Malheureusement les récits trop courts et aussi certaines mises en couleurs hasardeuses (par un stagiaire daltonien ??) ont sans doute peu fait pour qu'elle dure... 
(ci-dessus une planche originale et sa parution en version "colorisée" dans Pif-gadget...)


Exercice toujours périlleux avec "Forton le taciturne" : l'interview devant une caméra !
Ici, en décembre 2012 devant quelques belles planches de Teddy Ted ou Bob Morane, après leur exposition au festival Angers BD.



35 ans après la fin de la série dans Pif-Gadget, Gerald Forton s'est amusé à réaliser un épisode inédit de Teddy Ted, comme un clin d'oeil au passé. Récit précédé d'une interview très intéressante par Louis Cance et Bertrand Pissavy-Yvernault.

 

Evénement rare : séance de dédicaces de Forton à Paris, dans la librairie "Amazonie BD".
Un public de lecteurs admiratifs, qui a l'impression (à juste titre !) de se retrouver devant un monument de la BD... 


Au moins, les dédicaces de Forton valent le détour, surtout lorsqu'il croque Teddy Ted sur son cheval, par exemple. 
:-)


Et pour finir : on n'oubliera pas que Gerald Forton est le petit-fils du créateur des Pieds-Nickelés ! Il a très peu connu son grand-père, disparu alors qu'il était enfant, mais il est resté attaché à ces personnages... qu'il est d'ailleurs en train de reprendre à son tour, pour des récits inédits. On verra le résultat dans les mois qui viennent...  (photo prise en 2008)

Une photo très "lonesome cowboy" de Gerald Forton sur son cheval, face au désert du Mojave en Californie, prise en mars 2013 :


lundi 3 septembre 2012

4. A la recherche des lecteurs perdus...


Avant de publier quelques chroniques très "touffues" de tournages passés et à venir, avec au passage le portrait de personnalités rencontrées, qui furent des piliers de Vaillant ou de Pif-Gadget (toutes époques confondues), une petite réflexion de rentrée au sujet des lecteurs.

Raconter un journal d'illustrés pour la jeunesse, c'est évidemment en creux une manière de raconter le contexte d'une époque, la philosophie ou l'idéologie qui animent les créateurs et auteurs, mais on peut également se dire que chemin faisant, on décrira le quotidien et le point de vue des lecteurs. 
Or, j'ai constaté que la manière d'évoquer ces lectures d'enfance et de jeunesse, selon qu'on interroge des lecteurs de Vaillant de 1950, de Pif-gadget de 1970 ou du même journal en 1985, on obtient des ressentis très différents et une manière d'en parler qui aura autant de points communs que de divergences énormes.


A gauche : Vaillant en 1946  -  à droite : Pif-Gadget en 1989.
En l'espace de 43 ans, un véritable bond quantique
dans le culture populaire destinée à la jeunesse !

Les lecteurs de l'immédiat Après-Guerre vivaient dans un contexte de pénurie. Les "illustrés pour la jeunesse" étaient une fenêtre vers un "ailleurs" nécessaire, qui offraient en peu de pages (les illustrés de l'époque avaient 8 à 16 pages, rarement plus) et sur papier journal des histoires édifiantes et parfois cocasses, mais toujours paternalistes. 
Les débuts de "Vaillant" ne dérogeaient pas à cette règle implicite, avec ceci de différent (comparativement à la presse catholique familiale, dominante alors) que le journal se voulait également un démarquage affirmé des bandes américaines qu'il "pompait" pourtant allègrement, comme tous les autres illustrés français de l'époque (on en reparlera, car il y a beaucoup de choses à en dire et que l'évolution sera finalement plutôt à l'avantage de ce journal... !). 
Quelques héros présentés par Vaillant en 1952...
Le souci d'ouverture des jeunes lecteurs au monde qui les entoure était une priorité pour certains de ses concepteurs (notamment Madeleine Bellet, résistante communiste et membre de l'équipe fondatrice du journal, qui fera partie du Comité qui créa la fameuse "loi de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse" - façon détournée de réduire l'audience des illustrés américains !). Il fallait distraire cette jeunesse, encore traumatisée par la guerre (et qui en subissait encore les privations) et avide d'évasion, d'activités, de mouvement...

Les jeunes lecteurs des époques consécutives liront leur journal dans un contexte économique et culturel très différent, et leur manière de le lire et de s'en servir auront peu de choses en commun avec la génération précédente. Cette pratique de lecture suivra de près l'évolution de l'importance accordée par la société à ces loisirs d'enfance.



Je me suis également aperçu (mais c'était prévisible) que les souvenirs des anciens lecteurs de Vaillant ou Pif-Gadget n'étaient pas uniquement liés au plaisir de se souvenir de telle ou telle lecture, de tel ou tel gadget... mais dans leur manière de rappeler à leur mémoire ces lectures, il y a généralement un renvoi immédiat à l'idée rétrospective qu'ils ont de leur enfance et à l'idée qu'ils se faisaient à l'époque de leur vie et de leur avenir. En retrouvant les aventures de Yves le Loup, le dessinateur Baru retrouve sa passion d'enfance pour l'aventure (il lisait cela en 1957 et le raconte dans "Les années Spoutnik") ; quand il se replonge dans "Dr Justice", un autre ancien lecteur (célèbre, mais dont je ne veux pas dévoiler l'identité ici !) se souviendra de son envie de se mettre au judo et même, des années plus tard, d'adapter un jour l'histoire en feuilleton...

VAILLANTS et VAILLANTES...
Au lendemain de la Guerre, les enfants étaient une préoccupation particulière : ils représentaient l'avenir, la reconstruction du pays... 
Un peu à la manière des Scouts, les comités du PCF avaient lancé les clubs des "Vaillants et Vaillantes", sous l'égide du journal. On y faisait du sport, il y avait des sorties "culturelles" et des ateliers... et on accompagnait aussi les adultes pour les défilés du 1er mai, comme on peut le voir sur cette image tirée d'archives audiovisuelles lors d'un défilé du 1er mai des années 50. (en plus, ils défilaient dans MON quartier... !) On reconnait très bien la forme stylisée du logo du journal ! :



J'ai eu l'occasion, en 2010, de rencontrer et d'interviewer un couple d'anciens lecteurs et... vendeurs des tout premiers "Vaillant", qui ont la particularité d'avoir connu le journal dès 1945 (ils le vendaient en culottes courtes, alors qu'ils faisaient partie des clubs "Vaillants et Vaillantes") et surtout, de s'être rencontrés dans le girond de ce journal... et ne plus s'être quittés pendant les 60 années qui ont suivi ! 
Cécile et Jacques, militants de la première heure, figureront évidemment dans mon film... ;-)


En 1945, dans la rue, Cécile et ses Vaillant...

En 2010, devant ma caméra : Cécile et son mari... toujours vaillants !


Cécile et Jacques évoqueront leur rencontre, mais aussi leur manière de "transmettre le flambeau" aux enfants et petits-enfants. Cécile m'a montré comment elle nouait son foulard des "Vaillantes" et m'expliquait à quoi servaient ces petits sacs à l'effigie du journal, destinés aux invendus... que les Vaillants et Vaillantes revendaient à la criée !



Georges Rieu, qui fut rédacteur en chef de Vaillant dans les années 60 et a imposé le tournant vers Pif-Gadget en 1969, me le raconte en interview dans le documentaire : lorsqu'il a souhaité progressivement abandonner les récits "à suivre", il épousait en réalité l'évolution des goûts et du rythme de la jeunesse de l'époque, qui n'avait plus la patience de ses aînés et voulait dévorer des aventures sans pour cela patienter plusieurs mois avant d'en connaître le dénouement.

Avec Pif-Gadget, l'hebdomadaire sera "tout en récits complets" et surtout, le journal se mettra progressivement à s'adapter, et même à partir du milieu des années 70, à singer et racoler le grand média qui dominera désormais l'essentiel des occupations de loisirs des enfants et des parents : la télévision.
Ce sera l'un des grands sujets du film, agrémenté de quelques pépites et archives dont je ne dévoile évidemment rien ici ...

A suivre ! 

(Très bientôt, les portraits vaillantesque de grandes "pointures" de l'histoire de Pif-Gadget, rencontrées pour le film... :-))

mercredi 8 août 2012

3. Tournages et retournages avec KAMB !

Ah, Jacques Kamb ! 
Je ne sais par où commencer cette longue chronique, car Jacques a été le tout premier des auteurs de Vaillant et Pif que j'aie rencontré et filmé ; celui que j'aurai filmé le plus souvent et le plus longuement ; celui que j'aurai filmé pendant qu'il collaborait avec la nouvelle version de Pif-Gadget (2004-2008) et également après la fin de cette histoire-là ; le tout premier auquel j'ai consacré un DVD sur sa carrière, et puis, tout simplement, Jacques Kamb est devenu un ami.

Inutile de préciser que dans mon film, il tiendra une place importante puisqu'il est le seul auteur de BD vivant à avoir pu travailler dans TOUTES les versions de Vaillant et Pif-gadget, et ce dès le début des années 50 !
Jacques Kamb a débuté comme dessinateur de presse et son trait - assez proche de celui de Jean Effel - a servi en particulier pour des gags ou rubriques "humo" dans le quotidien L'Humanité, puis dans le journal Vaillant. (voir en fin de cette chronique un extrait vidéo sur cet aspect de sa carrière).


(Jacques Kamb en 1973, quand sortait Dicentim le petit Franc dans Pif-Gadget)

Les anciens lecteurs de Pif-gadget connaissent son personnage de "Couik, l'oiseau préhistorique"  (créé dans le premier numéro de Pif-Gadget en 1969) et surtout "Dicentim le petit Franc", dans le journal à partir de 1973. (et tiens, curieux hasard, Dicentim aura pile 40 ans lorsque ce film sera terminé !). Chaque fois que j'ai évoqué Pif-gadget et les personnages du journal auprès d'anciens lecteurs, au cours du tournage, Dicentim était l'un des rares à être systématiquement cité.

Je ne vais pas m'étendre sur l'immense carrière de Kamb ou ses diverses bandes et albums.
Pour tout savoir sur lui, il y a UN site, et un seul, dans lequel absolument tout ce qu'on peut imaginer sur Jacques Kamb est répertorié par son plus grand fan monomaniaque : Frédéric Maye. Ce site est le DICENTIMBLOG :




Premières rencontres.

J'ai fait la connaissance de Jacques Kamb en 2004, au cours de la soirée de lancement du nouveau Pif-Gadget (déjà mentionnée, avec clip vidéo, dans la chronique précédente).  Plus tard, il a fait partie de l'équipe de "Période Rouge", la revue gratuite (uniquement sur le web) qui proposait une foultitude de dossiers richement illustrés sur l'aventure de Vaillant et Pif-Gadget.
En 2006, je me propose de recueillir auprès de lui un témoignage de son parcours avec Vaillant et Pif, et le premier tournage (en vidéo DV, à l'époque) eut lieu pendant un Salon de la BD de Collection.
Nous nous sommes retrouvés chez lui pour plusieurs sessions d'entretiens filmés.
(photo ci-contre © Totoche)


L'année suivante, j'en tirai un film de 26 mn (inédit, uniquement édité en DVD et mis sur le net par "épisodes", à l'occasion des 75 ans de Jacques) pour lequel je réalisai au passage ma toute première animation (de quelques secondes !) pour le générique, puisque je faisais voltiger Couik au-dessus du royaume de Poilempogne...

La même année, Jacques sortait son premier album consacré au personnage de Couik, auquel très rapidement allaient succéder une dizaine d'autres albums de ses personnages principaux : "Dicentim le petit Franc" et "Zor et Mlouf". Une projection du film et une soirée de dédicaces (en musique !) pour fêter ça eut lieu à Paris...
(Voir les liens vers des séquences du film en fin de cette chronique).


(Quelques privilégiés ont pu se procurer ce petit DVD hors-commerce, à sa "sortie".
Pour ceux que ça intéresse, je peux éventuellement en fournir si on m'écrit pour cela. Comme il est créé à la demande, il en coûterait 12€. 
Je précise que ça ne me rapporte pas un kopeck et que je fais cela à titre exceptionnel, et seulement si on me le demande gentiment et sans faire de fautes d'orthographe... !!)


Deuxième salve :
Fête de l'Huma et confidences...

En septembre 2007, j'accompagnais - toujours armé de ma caméra - Jacques Kamb, Richard Médioni et quelques autres sur un stand de la Fête de l'Huma.
L'occasion de voir Kamb en contexte de dédicace, mais aussi de rechercher à quoi pouvaient ressembler l'ambiance des stands de Pif-Gadget de la grande époque, au début des années 70...
Dans le petit clip que j'ai tiré de ce moment ensoleillé, on retrouve Jacques et son fils, ainsi que Gérard Miller (ha ha) et on se rend compte de la convivialité de cette "camaraderie" qui n'est pas, dans ce cas, un mot uniquement de circonstance... (cliquer sur l'image : )


A cette occasion, j'ai également tourné une séquence dans laquelle on voit Jacques préparer des cartons de ses albums et évoquer ses souvenirs de la Fête de l'Huma. Ces images sont restées inédites et je ne sais pas encore si elle s'inséreront dans le film.

3ème acte : Jacques et les vétérans !

2009 a été le tournant décisif dans l'idée de faire un jour un grand film sur l'histoire de Vaillant et Pif. Puisque j'avais commencé à interviewer d'anciens auteurs, j'allais continuer (tout en écrivant la trame du documentaire) mais les tournages seront désormais en HD : interviews d'auteurs, archives, reconstitutions éventuelles, reportages, et trouvailles en tous genres. Un clip avec André Chéret pour les 40 ans de Rahan, dont les images non montées sont réservées au documentaire, 2 tournages avec Gerald Forton, idem. Et également les rencontres et interviews de plusieurs autres auteurs... mais je préfère garder quelques surprises pour plus tard... ;-)
L'année suivante, un festival organisé à Bourgoin-Jailleu est l'occasion de filmer les retrouvailles de 3 piliers "humour" de l'histoire de Pif-Gadget : Jacques Nicolaou, Yannick et bien entendu Jacques Kamb.
Cette rencontre au sommet du gag n'était pas survenue depuis les années 70 !
(photo © J-Luc M.)
Non seulement l'événement me permet d'archiver des images formidables sur place (rencontres, débats sur Pif-gadget, etc...), mais en prime je mets en boîte des interviews de Nicolaou et Yannick (j'y reviendrai dans une chronique ultérieure) et je rencontre un couple dont l'histoire est "intimement" liée à Vaillant, puisqu'ils vendaient les premiers numéros en 1945 alors qu'ils étaient encore gamins...

Rebelote : "Coupez ! Cette fois, c'est la bonne !"

Depuis la sortie du petit film en DVD consacré à Jacques Kamb (c'était la première fois qu'on s'intéressait en format audiovisuel à la carrière de Kamb !), je me disais qu'il était vraiment dommage que Kamb soit in fine le "mal loti" parmi tous ces auteurs de BD du film, surtout en regard de sa longévité. Mal loti en termes de qualité d'images ! Les interviews ayant servi au montage du sujet en question avaient été réalisées en format DV, tandis que par la suite, tout le monde a eu droit au traitement haute-définition (qui est devenu la norme en télévision, puisque plus aucun poste TV vendu n'a désormais de format "carré", et par ailleurs la définition de l'image est sans comparaison.)

En 2011, nous décidons de nous retrouver chez lui pour une "ultime" séance de torture filmique, et non seulement cela me permet de refilmer des séquences, mais surtout dans l'intervalle d'autres archives et découvertes permettent d'aller un peu plus loin. En outre, ma propre perception de l'histoire de Vaillant et Pif-gadget a beaucoup évolué (surtout après lecture de "Période rouge !") et les sujets abordés sont plus approfondis.
(photo à droite : © Rémy Kamb)

Ci-dessous une image tirée du tout premier tournage d'interviews et ensuite 2 images provenant des rushes HD.
Comme on dit : "y'a pas photo !"... :


(Ci-dessus : image DV du tournage de 2007 - en-dessous : 2 images tirées du tournage HD de 2011)

("Arnal, c'était la perfection !", s'exclame Kamb dans cette séquence)


Pour finir en images : du beau, du bon....


En haut : souvenir des couvertures de Jacques Kamb pour "La vie ouvrière" dans les années 70. Un style dynamique et plein de fantaisie...  Ci-dessous : caricature de Jacques Séguéla dans les années 80. Kamb a "croqué" de nombreux portraits dans ce style, dans les années 80.


Ci-dessous : dernière case du tout premier gag réalisé par Kamb pour la reprise, après 25 ans d'absence, de son personnage Couik... :

Au printemps de cette année s'est tenue une formidable expo consacrée à Pif-gadget... à Bucarest ! 
Si j'en ai le temps, je reviendrai peut-être sur cet événement auquel, malheureusement, je n'ai pu assister. Je tenterai d'en récupérer quelques images "d'archives", histoire de mieux évoquer l'impact de ce journal sur la jeunesse roumaine (et plus largement sur la jeunesse du "bloc Est", privée de lectures capitalistes occidentales... à l'exception des publications Vaillant, encore considérées là-bas comme "camarades" par le régime en place, et permettant accessoirement aux gamins roumains d'apprendre le français avec bonne humeur.... Jacques Kamb fut l'invité d'honneur de l'inauguration, en compagnie de Mircea Arapu, dessinateur ayant repris plusieurs personnages dans la dernière version du journal et dont le blog offre notamment ce petit compte-rendu en images (cliquer sur l'affiche) :

J'aurai l'occasion de reparler ultérieurement de Mircea (interviewé l'an dernier pour le film)... et de la sortie de son livre !  :-)

Et enfin...
UN SCOOP ! Un dessin réalisé pour moi, histoire de se souvenir que Zor et Mlouf, en 1965 dans Vaillant, avaient inventé deux ou trois choses qu'on retrouverait sous une autre forme (mais en moins comique !) au cinéma... :




Cette chronique fut particulièrement longuette.... mais Kamb méritait bien ça !
Promis : la prochaine sera beaucoup plus digeste en lecture !



Les liens pour s'y retrouver :

Le DICENTIMBLOG ! : pour TOUT savoir sur Kamb... et plus encore !

"Le petit monde de Kamb" - séquence dessins de presse

"Le petit monde de Kamb" - séquence "la saga Couik"

"Le petit monde de Kamb" - séquence sur l'histoire de Dicentim

Interview vidéo : Kamb fête ses 75 ans et répond aux questions des lecteurs

Fête de l'Huma 2007 avec Jacques Kamb et l'équipe Vaillant Collector

Le blog de Mircea Arapu