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lundi 27 mars 2023

Pif, 75 ans et tous ses crocs...

75 ans !

Il va être difficile d'échapper à l'événement, tant l'équipe du magazine actuel a bataillé tous azimuts pour qu'il soit médiatique : numéro du journal + hors-série sur le sujet... et en forme de cerise sur la crème du gâteau, l'édition par la Poste d'un timbre commémoratif (rien que ça !) tiré à 700 000 exemplaires et dans la foulée, un album... autour de l'anniversaire des 75 ans.

Si on avait dit ça à ce cher vieil Arnal, il n'y aurait jamais cru.

 -> Retrouvez ici la page-hommage commémorant, en 2022, les 40 ans depuis la disparition de José Cabrero Arnal.

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Annonce publiée le 26 mars 1948 dans L'Huma
Les anciens lecteurs du journal, devenus collectionneurs et exégètes, savent évidemment que le personnage de Pif, créé par José Cabrero Arnal quelques années après sa libération du camp de Mauthausen, fut sa manière de recréer en France ce qu'il faisait déjà en Espagne avant-guerre, tout en y voyant une manière de remercier ceux qui l'avaient accueilli de ce côté des Pyrénées.

Pif apparut tout d'abord sous forme d'annonce, le 26 mars 1948, puis deux jours plus tard dans le numéro de l'Humanité-Dimanche de Pâques :

Ci-dessus : le premier "strip" du nouveau personnage venu remplacer Félix le chat dans les pages de L'Humanité, à partir du 28 mars 1948.

Et quand on revoit la première bande mettant en scène ce petit chien, on est frappé par sa fougue et sa candeur, et aussi le fait qu'il soit en quête de nourriture, et chassé à coup de pompes dans le postérieur. C'est vraiment un chien de l'après-guerre... Par la suite, évidemment, il s'"embourgeoise" un petit peu (à peine, car il s'agit quand même de journaux issus du PCF !) en rejoignant une famille (ci-dessous, par C. Arnal) et en se retrouvant dans des récits et gags farfelus, dans lesquels on retrouvait malgré tout un fort esprit frondeur.

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L'année des 75 ans a démarré en fanfare le 31 janvier dernier, avec le lancement officiel du fameux timbre Pif à la librairie philatélique Le Carré d'Encre, à Paris. Ça se déroulait sous la parrainage de Stéphane Bern (qui officiait à la fois en tant que membre de la commission philatélique pour le patrimoine, mais aussi en tant qu'ancien lecteur de Pif-Gadget...)

Au passage, il nous confiait avoir lu Pif-Gadget et le Journal de Mickey, le premier encouragé par sa mère très progressiste, et le second par son père plus traditionaliste... Comme il ne manque pas d'autodérision, il a ajouté : "Ensuite j'ai mal tourné, je me suis mis à lire Point de Vue... alors que maman m'emmenait plutôt à la Fête de l'Huma. On n'est pas à une contradiction près !"

Lancement du timbre Pif, avec le responsable Philaposte, les dirigeants de Pif-Mag, Stéphane Bern et Mircea Arapu, auteur de l'illustration.

PHILATÉ-PIF...
Le timbre créé par La Poste à l'occasion des 75 ans présente 2 particularités :
il a été dessiné par Mircea Arapu, ancien lecteur de Vaillant puis Pif-Gadget en Roumanie, avant de faire le saut vers la France et finir par travailler pour le journal ! (Il y avait repris Arthur le fantôme, puis avait dessiné de temps à autre Placid et Muzo, ou même Pif).
L'autre particularité, c'est qu'il s'agit du premier timbre français se présentant sous la forme d'un strip de bande dessinée, en 3 cases !

© L'Humanité / Pif et Hercule SAS / MIrcea Arapu

Pour retrouver les "actus" sur les 75 ans de Pif, l'édition du timbre, etc., il faut aller se brancher sur les divers réseaux (Instagram, Facebook, Twitter, etc...).
Mais cette fois, la Poste elle-même joue le jeu, avec notamment une petit reportage sur .. la création du timbre (cliquer sur l'image pour accéder à la vidéo) :

Le journal (repris en novembre 2020) fait évidemment la couverture autour de l’événement, allusion directe à celle du premier Pif-Gadget contenant des timbres !
D'ailleurs, la fameuse Jacqueline Caurat (speakerine qui animait une émission de philatélie à l'ORTF dans les annnées 60 et 70) s'était retrouvée dans les pages du journal... mais y avait déjà figuré des années auparavant, quand il s'appelait encore Vaillant !
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Ci-dessous : 3 des couvertures "timbrées" de Pif-Gadget (il y en eut d'autres).
Il faut savoir que le premier numéro dont le gadget était philatélique (n°34) comportait une petite pochette de 4 timbres provenant des pays de l'Est, sponsorisée par le catalogue Thiaude. C'étaient généralement des timbres issus de stocks de Pologne, Roumanie ou Hongrie.
Le n°87 (au centre) annonçait la grande campagne de 4 semaines consécutives avec des timbres de Mongolie. La couverture a directement inspiré celle du nouveau Pif-Mag, dont les personnages ont été dessinés par Mircea Arapu.
Le n°115 (non présent ici) annonçait un "trésor", sous la forme d'une planche de 4 timbres (eux aussi en provenance de stocks périmés de la poste) de Bulgarie, autre pays du bloc soviétique. Enfin, le n°985 (de 1987) proposait une originalité : dans le cadre de l'aventure spatiale à laquelle prenait part la France, on trouvait dans le journal une pochette de timbres... soviétiques, qui illustraient l'aventure spatiale russe !

En février 1989, le journal avait établi un partenariat avec les éditions Atlas, qui lançaient une grande collection "Timbres du monde" et avaient offert (en échange de pages de publicité, évidemment) une pochette de timbres dans chaque numéro de Pif-Gadget (n°1039), ce qui en faisait en quelque sorte un second gadget... :
 

Mais la philatélie était déjà présente bien auparavant, dans Vaillant... qui comportait une vraie rubrique philatéliste de qualité, pendant plusieurs années !
De grands noms de collectionneurs ou spécialistes y partageaient leur trouvailles ou un petit bout d'histoire du timbre, agrémenté de conseils pour les collectionner, les classer, les protéger, etc...
Ci-contre : le beau numéro de septembre 1961, qui affichait en couverture une superbe collection à thème animalier ...
Étonnant !

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Pour notre part, les 75 ans de Pif sont une occasion de revisiter 75 ans d'histoire du journal et de son héros vu par plusieurs de ses dessinateurs.
Ce nouveau montage (plus dense et animé, pour une génération d'internautes qui s'ennuient dès que les interviews font plus de 2 phrases...) est l'occasion aussi de présenter des images restées inédites (on y croise Louis Cance, Kamb, Claude Bardavid, Cavazzano, Yannick et Corteggiani, que tout ce ramdam aurait bien amusé - ou énervé, bien sûr, le connaissant !...)
Un anniversaire de ce genre méritait bien un film sur mesure...

Cliquez sur l'image ci-dessous :



lundi 5 septembre 2022

Il y a 40 ans, Arnal...

Un triste jour de septembre 1982, les membres de la rédaction du journal Pif-Gadget apprenaient peu à peu la nouvelle de la disparition du créateur de Pif le chien, auquel ils devaient le nom du journal pour lequel ils travaillaient, mais aussi un certain état d'esprit graphique, et des personnages dont le point commun était la gentillesse, et une certaine rondeur graphique. 
 
José Cabrero Arnal, auteur et illustrateur espagnol, réfugié en France à la Libération, rescapé des camps de Mauthausen, avait été accueilli par des camarades qui lui trouvèrent rapidement un travail que sa santé précaire lui permettait d'effectuer et prolongeait le début de sa carrière dans les illustrés espagnols : il dessinera pour des journaux français (en l’occurrence, ce sera L'Humanité), puis pour un illustré jeunesse (Vaillant) et d'autres titres ensuite.
On lui doit en France plusieurs personnages - toujours animaliers d'ailleurs - dont les premiers à connaître la notoriété seront Placid et Muzo, en première page de Vaillant. Pour le numéro de Pâques 1948 de L'Humanité-Dimanche, il créera le personnage de Pif le chien, sous forme de strip quotidien. Ce dernier rejoindra les pages de Vaillant pour Noël 1952 et ne quittera plus jamais le magazine, dont le nom empruntera progressivement celui de ce personnage, jusqu'à la création en février 1969 de la formule Pif et son Gadget Surprise, rebaptisé ensuite simplement Pif-Gadget.

La petite famille créé par Arnal autour de Pif le chien.

À la rentrée 1982, l'annonce de la disparition du créateur de Pif remua quelque peu le milieu de la presse BD, et les hommages fusèrent : on redécouvrit soudain l'importance qu'avait eue cet artiste discret mais indispensable, au parcours douloureux mais à la bonhomie restée intacte.
Et on se rendit compte aussi, avec étonnement, qu'il avait disparu précisément le jour de sa naissance, un 6 septembre. Comme s'il fallait absolument boucler la boucle, discrètement.

Dans 3 mois, un grand dossier sera consacré dans la Ouf-Gazette (des anciens lecteurs du journal) à José Cabrero Arnal et ses personnages. Aujourd'hui, nous avons choisi de lui rendre hommage à travers quelques souvenirs et archives.

Ci-dessus : l'annonce de la disparition d'Arnal dans L'Humanité-Dimanche début octobre 1982 (on y republiait le tout premier "strip" du personnage, datant d'avril 1948) et en-dessous l'une des photos de Jean Texier, tirée d'une série prise chez le dessinateur en 1974, et qui servira ensuite pour divers articles.

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Témoignages de ceux qui ont connu ou côtoyé Arnal, à l'époque où ils travaillaient dans le journal. (D'autres témoignages viendront les compléter pour un dossier de la Ouf-Gazette, à la fin de l'année) :

"Arnal était à l'image de son personnage : Pif était un chien foncièrement gentil, malin, qui se retrouvait dans des situations absurdes, parfois en conflit contre l'autorité, et dont il devait se sortir en gardant le sourire. Comme lui, son auteur était un vrai "gentil". 
Et quand il passait au journal, ce journal qui portait le nom de son personnage, Arnal donnait toujours l'impression de nous devoir quelque chose, alors qu'en définitive c'est nous qui lui devions tout."

- Richard Medioni - Arrivé à la rédaction du journal en janvier 1968 - Entretien de 2015.

Ci-contre : photo d'Arnal aux côtés de son épouse, par Willy Ronis pour le journal Regards, en 1948.
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Jean Ollivier m'avait appris la nouvelle en septembre 1982. Attristés, je me souviens que nous étions alors partis boire un verre à sa santé.
À l'époque, il ne passait plus au journal, mais je me souviens que Michel Motti (arrivé au journal fin 1969, et qui faisait partie des dessinateurs de Pif depuis 1974) en parlait souvent, car c'était quelqu'un qui l'avait marqué et avec lequel il ressentait un lien très fort. De mon côté, je n'avais pas eu l'occasion de croiser souvent Arnal, étant arrivé au journal un peu plus tard, mais l'image que je garde de lui, c'est celle d'un petit Monsieur discret, habillé en gris, avec un veston et une cravate. Ce qui m'avait marqué, c'était sa façon de fumer sa cigarette, à l'intérieur de la paume, comme s'il y avait un peu de honte à ça. Je me souviens aussi de sa voix, avec cet accent caractéristique.
Son style était très rond, et je le comparerais à quelqu'un comme Tezuka au Japon, pour le côté animalier et un trait doux et feutré. C'était un très très grand dessinateur.
Ses couvertures de
Roudoudou ou de Placid et Muzo étaient superbes, et méritent qu'il soit au Panthéon des illustrateurs.  

- François Corteggiani (Arrivé au journal fin 1973 - scénariste et dessinateur de Pif)

Strip-hommage à Arnal en 2018, qui était également le 1000ème dessiné par Corteggiani dans L'Humanité.

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Son dessin était tout en rondeur, c'était vraiment adorable. C'était un grand dessinateur et en voyant ce qu'il faisait à l'époque de Vaillant, je ne m'imaginais même pas réussir un jour à me hisser à un niveau comparable. Pour moi, Arnal, c'était la perfection. 

- Jacques Kamb  (Entretien en 2013)

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C'était vraiment un grand Monsieur, toujours gentil, très humble. Et alors, un coup de crayon et de pinceau vraiment épatants. C'était d'un niveau... Je peux dire que je lui dois tout, d'une certaine façon. Quand on m'a proposé de reprendre ses Placid et Muzo, il m'a encouragé, était toujours extrêmement sympathique, alors qu'il aurait pu me prendre de haut.
Il m'avait même proposé de m'offrir ses crayons, ses pinceaux... Je ne pouvais pas accepter, je ne me sentais pas à la hauteur, ça me gênait. Et chaque fois que je revois ses dessins, ses couvertures, etc., c'est vraiment parfait, il n'y a rien à redire, chapeau.
 

- Jacques Nicolaou (Entretien en 2012)


 Placid et Muzo par Arnal, en 1946.

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Je l'avais rencontré quand le journal m'avait proposé de travailler sur Pif (en alternance avec Louis Cance). C'était un Monsieur très gentil, sans aucune espèce d'égo.Il était très effacé et pouvait même passer quasi inaperçu. Il menait une vie simple, allait revoir ses copains quand il le pouvait, et parmi eux d'ailleurs quelques anciens camarades de l'époque de sa captivité. Sa santé était restée très fragile, mais il se sentait mieux quand il passait à l'atelier, ou qu'on allait prendre un verre. Il me donnait des conseils qui étaient toujours très précis, logiques, et je prenais des notes qui m'ont beaucoup servi pour m'améliorer. Je l'ai côtoyé de cette manière une vingtaine de fois, peut-être, et quelque fois aussi chez lui.
Je trouve que le journal ne l'a pas traité correctement, et en tous cas pas à la hauteur de ce qu'il représentait. On travaillait quand même dans un journal qui portait le nom de son personnage !
 

- Yannick (qui reprit en alternance le dessin de Pif à partir de 1969, puis connut le succès grâce à Hercule)

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Annonce pour la sortie de l'ouvrage Une vie de Pif, sous la direction de René Moreu, en octobre 1983.

Quand j’ai appris la mort d’Arnal, cela faisait un long moment, peut-être deux ou trois ans, que nous n’avions plus vraiment de nouvelles de lui. Il semblait couler une retraite à peu près paisible, après une vie très mouvementée.
Mais rétrospectivement, pour moi, après quarante ans, le sentiment qui domine c’est une succession de regrets. Je suis d’ailleurs en train d’écrire un texte à ce sujet.
Il y a notamment le regret de ne pas l’avoir mieux connu et plus sollicité. C’était un grand timide, et nous n’avions pas le désir de le bousculer. Mais j’aurais tant aimé avoir partagé plus de conversations, plus d’échanges de connaissances car pour nous (à la rédaction, et aussi pour les auteurs), c’était un peu notre père spirituel, au fond. J’avais eu la chance de me rendre chez lui et découvrir l’artiste dans son environnement.
Quand on pense au calvaire de sa jeunesse, le franquisme, les camps en déportation, et de l’imaginer à la sortie de Mauthausen, dans le dénuement le plus total, et pourtant plein de créativité et d’envie de vivre... Il n’en parlait jamais et je peux te dire qu’au journal, très peu savaient ce qu’il avait vécu. C’est le syndrôme partagé par beaucoup de rescapés, qui ne veulent pas ressasser et préfèrent se tourner vers l’avenir.

Quand il est mort, le journal a évidemment fait ce qu’il fallait, a conçu un numéro en son honneur, etc. Le choc était très grand et nous réalisions combien nous lui devions. Je pense d’ailleurs qu’on n’a pas fini de réévaluer sa place dans le monde de la BD et de l’illustration.
Et si je devais résumer son style ou son trait, je dirais qu’on y retrouve de la rondeur et de la gentillesse, pas une trace d’agressivité, même lorsqu’il dessine un personnage de policier. D’ailleurs, son père avait fait partie de la Guardia Civil (avec sabre au ceinturon, etc.) ce qui est assez étonnant si on y pense.
D’un mot, je dirai que son dessin traduisait toute sa bienveillance.

- Claude Bardavid  (Arrivé à la rédaction du journal en 1972)

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Le journal avait concocté un numéro spécial en hommage à Arnal, qui parut en janvier 1983. On y trouvait notamment ces deux pages, qui résumaient un peu le sentiment général à l'époque. (Il y avait également une courte biographie, des hommages en BD, etc...) :



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Toute la tendresse d'Arnal, qui s'exprimait toujours poétiquement à travers son bestiaire, avec cette illustration pour le journal Roudoudou :


Ci-dessous : dessin destiné à Pif-Gadget par l'italien Giorgio Cavazzano, en 1989.
Il y dessinait Arnal face à un Pif "new look", avec une référence directe à sa généalogie en présentant son ancêtre espagnol Top - que l'on considère assez généralement comme le "papa" de Pif le chien :
En 1980, Arnal avait écrit et dessiné un récit fantasmé, le dernier de sa carrière d'auteur de bandes dessinées. Destiné à l'Almanach de l'Humanité, il avait un caractère très autobiographique, comme un songe éveillé au pays de la BD. Il y croisait même... Mandrake !
Le dernier dessin de ce récit (qui, pour des raisons de retards postaux, ne fut pas publié à l'époque et resta même inédit à la mort d'Arnal !) c'était Arnal lui-même... et cet autoportrait avec sa signature représente sans doute le point final et le tout dernier dessin de sa carrière...

Pour mieux connaître le parcours de José Cabrero Arnal, il existe cet ouvrage qui est un peu la biographie définitive, permettant au passage de découvrir également l'étendue de son travail en Espagne, avant la guerre.
Il est écrit par Philippe Guillen, qui y fait œuvre d'historien :


mercredi 28 mars 2018

70 ans : joyeux anniversaire, Pif !


Il y a exactement 70 ans, le 28 mars 1948, les lecteurs du journal "L'Humanité" découvraient, dans le numéro double pour Pâques, la première bande (ou "strip") d'un nouveau personnage venu remplacer les aventures de Félix le chat.
Son auteur, José Cabrero Arnal, dont les personnages Placid et Muzo font déjà le bonheur des lecteurs du journal "Vaillant", crée donc un petit chien facétieux - dont il expliquera que c'est le fils (spirituel ?) d'un autre héros canin qu'il avait créé en Espagne bien auparavant : le chien Top.
TOP, l'ancêtre de Pif le chien.
A cette occasion, un sujet vidéo très spécial a été concocté, qui revient sur la genèse de ce héros qui a marqué la 2ème moitié du XXe siècle... et qui perdure, sous diverses formes ! 
Ce petit film de 20 mn n'est accessible qu'aux souscripteurs de ce projet, comme la majorité des séquences et clips. On y retrouve notamment Richard Medioni évoquant la relation d'Arnal à la rédaction, ou encore son biographe, Philippe Guillen. Quelques archives assez peu vues nous replongent dans les 2 premières décennies de cette saga canine...








dimanche 10 février 2013

8. Recherches et trouvailles...


L'un des grands bonheurs du documentariste, c'est le moment où il met la main (ou juste le doigt) sur une information, un document, une archive qui jusqu'alors avait été négligée, ou bien dont on connaissait l'existence mais que plus personne n'était capable de localiser.
Et puis, les souvenirs sont parfois confus et on mélange allègrement les dates, les faits, les personnalités en question, etc...

(ci-contre une annonce pour une "pendulette Pif" créée pour le journal "L'Humanité" en 1951 ! Le personnage de Pif paraissait dans l'Huma, et ne connut d'histoires dans Vaillant qu'à partir de Noël 1952)

Heureusement, on a parfois accès aux auteurs en direct, et dans ce cas on peut découvrir des archives "de première main". Ainsi, quand Nicolaou me recevait chez lui (lui qui déteste les intrusions...) avec ma caméra, pour me commenter quelques archives personnelles... :

(A propos de Nicolaou : un petit jeu de devinettes en fin de cette chronique ! :-))

L'autre grand casse-tête (et dans ce domaine, en revanche, les "bonheurs" sont aussi rares qu'éphémères) concerne les droits. Droits (copyrights) liés aux oeuvres, aux documents visuels ou sonores, et l'accès aux fameux "ayant-droit" (j'ai dû vérifier l'orthographe du pluriel !).
Dans certains cas, des problèmes de succession compliquée empêchent de pouvoir rééditer les auteurs. C'est le cas par exemple pour tout ce qui a trait à "Dr Justice", pour des raisons familiales complexes, tant côté ayant-droit du dessinateur que de l'auteur....

Il faut également se souvenir qu'avant les années 80 (grosso modo), beaucoup de dessinateurs travaillant pour la presse jeunesse (en tous cas, ceux qui travaillaient pour Vaillant puis Pif-Gadget) ne récupéraient pas toujours leurs originaux, ou en tous cas pas immédiatement. 
Or, le stockage de ces documents (aujourd'hui devenus précieux pour les collectionneurs et les historiens !) était devenu un vrai problème aux éditions Vaillant.
Il y eut des dégâts des eaux qui détruisirent pas mal de planches, et surtout, lorsque la société qui reprit Pif-Gadget et les publications des éditions Vaillant fut liquidée au début des années 90, une véritable gabegie vit un nombre énorme de ces originaux disparaître, avant que la liquidation officielle permit à une poignée de chanceux de racheter un "trésor de guerre", dont on aperçoit encore parfois quelques specimen pointer sur eBay ou ailleurs, à des prix rédhibitoires (pour les moins fortunés, dont je fais partie !)
La Cité de la Bande Dessinée et de l'Image (CIBDI) d'Angoulême possède un grand nombre d'originaux, le plus souvent provenant de dons des auteurs eux-mêmes. Un événement semble se préparer autour de Vaillant, dans une paire d'années.... Je croise les doigts.
(ci-contre quelques pièces de la collection de la CIBDI, dont de magnifiques planches de "Yves le Loup", de René Bastard)

Richard Medioni, à l'occasion de la parution des son ouvrage sur Pif-Gadget et de celui sur Hervé Cultru consacré à Vaillant, organisait de petites expos, dont voici un exemple, que j'avais capté à Angers BD en décembre 2009. On pouvait y admirer quelques planches (cliquer sur l'image pour découvrir la vidéo) :



Un festival organisé au Mont St-Sulpice en septembre 2013 a permis d'en découvrir d'autres.

Combien de temps faudra-t-il attendre pour que les dessinateurs ayant travaillé pour Pif-Gadget soient reconnus pour leurs qualités propres, au lieu d'être relégués avec le tout-venant de la presse illustrée, et bien entendu tenus à l'écart des grands ouvrages de référence sur la BD, au motif que leurs récits n'étaient pas édités dans de prestigieux albums ? (ça s'arrange un peu depuis quelques années, mais on est encore loin du compte)
Loin de moi l'idée de comparer les récits de Pif et Hercule avec les aventures d'Asterix, mais il me semble que Coehlo, Marcello, Poirier, Cézard, Le Guen, Mas, Nortier, pour en citer une petite poignée, mériteraient d'être redécouverts par le grand public.
Fort heureusement Chéret, Poïvet, Tabary, Gotlib, Godard et d'autres sont aujourd'hui reconnus (en général quand ils furent édités pas d'autres maisons !).


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TROUVAILLES D'ARCHIVES TV RECENTES
... ET UN PETIT JEU !

Dans mes recherches d'archives audiovisuelles (très pauvres en ce qui concerne Vaillant et Pif, mais on s'en doutait !), je suis tombé sur cette émission d'Antenne 2 dont j'avais totalement oublié l'existence, "Un sur Cinq", où il fut question, à la rentrée 1977, de l'évolution du personnage de Pif. Etaient présents Cabrero Arnal, son géniteur, Roger Mas, son successeur (notamment pour la bande quotidienne dans l'Huma) et Michel Motti, qui le dessinait alors dans Pif-Gadget. C'est à ma connaissance la seule archive où l'ont peut voir les trois, et la seule où l'on entend (en fait très succinctement) le discret Motti. J'en utiliserai vraisemblablement un extrait dans le film...


Petit cadeau en forme d'instantanés d'interviews pour les "vrais" fans de Pif :
Cabrero Arnal
Roger Mas
Michel Motti
ET POUR FINIR, UN PETIT JEU !!
Nicolaou m'avait montré - devant la caméra - un document rarissime, et pour cause : il s'agissait d'un petit "test" qu'il avait réalisé en 1957, afin de convaincre la rédaction qu'il était capable de reprendre Placid et Muzo, ainsi que le souhaitait Arnal. Il avait découpé des postures des personnages, Certaines venaient d'Arnal, d'autres dessinées par lui-même. 
La rédaction s'y était trompée...  Et vous ? Saurez-vous retrouver les versions de Nicolaou ?



...


La réponse, par Nicolaou lui-même ("A" pour Arnal et "N" pour Nicolaou) :

(ne regardez pas tout de suite !)




mercredi 8 août 2012

3. Tournages et retournages avec KAMB !

Ah, Jacques Kamb ! 
Je ne sais par où commencer cette longue chronique, car Jacques a été le tout premier des auteurs de Vaillant et Pif que j'aie rencontré et filmé ; celui que j'aurai filmé le plus souvent et le plus longuement ; celui que j'aurai filmé pendant qu'il collaborait avec la nouvelle version de Pif-Gadget (2004-2008) et également après la fin de cette histoire-là ; le tout premier auquel j'ai consacré un DVD sur sa carrière, et puis, tout simplement, Jacques Kamb est devenu un ami.

Inutile de préciser que dans mon film, il tiendra une place importante puisqu'il est le seul auteur de BD vivant à avoir pu travailler dans TOUTES les versions de Vaillant et Pif-gadget, et ce dès le début des années 50 !
Jacques Kamb a débuté comme dessinateur de presse et son trait - assez proche de celui de Jean Effel - a servi en particulier pour des gags ou rubriques "humo" dans le quotidien L'Humanité, puis dans le journal Vaillant. (voir en fin de cette chronique un extrait vidéo sur cet aspect de sa carrière).


(Jacques Kamb en 1973, quand sortait Dicentim le petit Franc dans Pif-Gadget)

Les anciens lecteurs de Pif-gadget connaissent son personnage de "Couik, l'oiseau préhistorique"  (créé dans le premier numéro de Pif-Gadget en 1969) et surtout "Dicentim le petit Franc", dans le journal à partir de 1973. (et tiens, curieux hasard, Dicentim aura pile 40 ans lorsque ce film sera terminé !). Chaque fois que j'ai évoqué Pif-gadget et les personnages du journal auprès d'anciens lecteurs, au cours du tournage, Dicentim était l'un des rares à être systématiquement cité.

Je ne vais pas m'étendre sur l'immense carrière de Kamb ou ses diverses bandes et albums.
Pour tout savoir sur lui, il y a UN site, et un seul, dans lequel absolument tout ce qu'on peut imaginer sur Jacques Kamb est répertorié par son plus grand fan monomaniaque : Frédéric Maye. Ce site est le DICENTIMBLOG :




Premières rencontres.

J'ai fait la connaissance de Jacques Kamb en 2004, au cours de la soirée de lancement du nouveau Pif-Gadget (déjà mentionnée, avec clip vidéo, dans la chronique précédente).  Plus tard, il a fait partie de l'équipe de "Période Rouge", la revue gratuite (uniquement sur le web) qui proposait une foultitude de dossiers richement illustrés sur l'aventure de Vaillant et Pif-Gadget.
En 2006, je me propose de recueillir auprès de lui un témoignage de son parcours avec Vaillant et Pif, et le premier tournage (en vidéo DV, à l'époque) eut lieu pendant un Salon de la BD de Collection.
Nous nous sommes retrouvés chez lui pour plusieurs sessions d'entretiens filmés.
(photo ci-contre © Totoche)


L'année suivante, j'en tirai un film de 26 mn (inédit, uniquement édité en DVD et mis sur le net par "épisodes", à l'occasion des 75 ans de Jacques) pour lequel je réalisai au passage ma toute première animation (de quelques secondes !) pour le générique, puisque je faisais voltiger Couik au-dessus du royaume de Poilempogne...

La même année, Jacques sortait son premier album consacré au personnage de Couik, auquel très rapidement allaient succéder une dizaine d'autres albums de ses personnages principaux : "Dicentim le petit Franc" et "Zor et Mlouf". Une projection du film et une soirée de dédicaces (en musique !) pour fêter ça eut lieu à Paris...
(Voir les liens vers des séquences du film en fin de cette chronique).


(Quelques privilégiés ont pu se procurer ce petit DVD hors-commerce, à sa "sortie".
Pour ceux que ça intéresse, je peux éventuellement en fournir si on m'écrit pour cela. Comme il est créé à la demande, il en coûterait 12€. 
Je précise que ça ne me rapporte pas un kopeck et que je fais cela à titre exceptionnel, et seulement si on me le demande gentiment et sans faire de fautes d'orthographe... !!)


Deuxième salve :
Fête de l'Huma et confidences...

En septembre 2007, j'accompagnais - toujours armé de ma caméra - Jacques Kamb, Richard Médioni et quelques autres sur un stand de la Fête de l'Huma.
L'occasion de voir Kamb en contexte de dédicace, mais aussi de rechercher à quoi pouvaient ressembler l'ambiance des stands de Pif-Gadget de la grande époque, au début des années 70...
Dans le petit clip que j'ai tiré de ce moment ensoleillé, on retrouve Jacques et son fils, ainsi que Gérard Miller (ha ha) et on se rend compte de la convivialité de cette "camaraderie" qui n'est pas, dans ce cas, un mot uniquement de circonstance... (cliquer sur l'image : )


A cette occasion, j'ai également tourné une séquence dans laquelle on voit Jacques préparer des cartons de ses albums et évoquer ses souvenirs de la Fête de l'Huma. Ces images sont restées inédites et je ne sais pas encore si elle s'inséreront dans le film.

3ème acte : Jacques et les vétérans !

2009 a été le tournant décisif dans l'idée de faire un jour un grand film sur l'histoire de Vaillant et Pif. Puisque j'avais commencé à interviewer d'anciens auteurs, j'allais continuer (tout en écrivant la trame du documentaire) mais les tournages seront désormais en HD : interviews d'auteurs, archives, reconstitutions éventuelles, reportages, et trouvailles en tous genres. Un clip avec André Chéret pour les 40 ans de Rahan, dont les images non montées sont réservées au documentaire, 2 tournages avec Gerald Forton, idem. Et également les rencontres et interviews de plusieurs autres auteurs... mais je préfère garder quelques surprises pour plus tard... ;-)
L'année suivante, un festival organisé à Bourgoin-Jailleu est l'occasion de filmer les retrouvailles de 3 piliers "humour" de l'histoire de Pif-Gadget : Jacques Nicolaou, Yannick et bien entendu Jacques Kamb.
Cette rencontre au sommet du gag n'était pas survenue depuis les années 70 !
(photo © J-Luc M.)
Non seulement l'événement me permet d'archiver des images formidables sur place (rencontres, débats sur Pif-gadget, etc...), mais en prime je mets en boîte des interviews de Nicolaou et Yannick (j'y reviendrai dans une chronique ultérieure) et je rencontre un couple dont l'histoire est "intimement" liée à Vaillant, puisqu'ils vendaient les premiers numéros en 1945 alors qu'ils étaient encore gamins...

Rebelote : "Coupez ! Cette fois, c'est la bonne !"

Depuis la sortie du petit film en DVD consacré à Jacques Kamb (c'était la première fois qu'on s'intéressait en format audiovisuel à la carrière de Kamb !), je me disais qu'il était vraiment dommage que Kamb soit in fine le "mal loti" parmi tous ces auteurs de BD du film, surtout en regard de sa longévité. Mal loti en termes de qualité d'images ! Les interviews ayant servi au montage du sujet en question avaient été réalisées en format DV, tandis que par la suite, tout le monde a eu droit au traitement haute-définition (qui est devenu la norme en télévision, puisque plus aucun poste TV vendu n'a désormais de format "carré", et par ailleurs la définition de l'image est sans comparaison.)

En 2011, nous décidons de nous retrouver chez lui pour une "ultime" séance de torture filmique, et non seulement cela me permet de refilmer des séquences, mais surtout dans l'intervalle d'autres archives et découvertes permettent d'aller un peu plus loin. En outre, ma propre perception de l'histoire de Vaillant et Pif-gadget a beaucoup évolué (surtout après lecture de "Période rouge !") et les sujets abordés sont plus approfondis.
(photo à droite : © Rémy Kamb)

Ci-dessous une image tirée du tout premier tournage d'interviews et ensuite 2 images provenant des rushes HD.
Comme on dit : "y'a pas photo !"... :


(Ci-dessus : image DV du tournage de 2007 - en-dessous : 2 images tirées du tournage HD de 2011)

("Arnal, c'était la perfection !", s'exclame Kamb dans cette séquence)


Pour finir en images : du beau, du bon....


En haut : souvenir des couvertures de Jacques Kamb pour "La vie ouvrière" dans les années 70. Un style dynamique et plein de fantaisie...  Ci-dessous : caricature de Jacques Séguéla dans les années 80. Kamb a "croqué" de nombreux portraits dans ce style, dans les années 80.


Ci-dessous : dernière case du tout premier gag réalisé par Kamb pour la reprise, après 25 ans d'absence, de son personnage Couik... :

Au printemps de cette année s'est tenue une formidable expo consacrée à Pif-gadget... à Bucarest ! 
Si j'en ai le temps, je reviendrai peut-être sur cet événement auquel, malheureusement, je n'ai pu assister. Je tenterai d'en récupérer quelques images "d'archives", histoire de mieux évoquer l'impact de ce journal sur la jeunesse roumaine (et plus largement sur la jeunesse du "bloc Est", privée de lectures capitalistes occidentales... à l'exception des publications Vaillant, encore considérées là-bas comme "camarades" par le régime en place, et permettant accessoirement aux gamins roumains d'apprendre le français avec bonne humeur.... Jacques Kamb fut l'invité d'honneur de l'inauguration, en compagnie de Mircea Arapu, dessinateur ayant repris plusieurs personnages dans la dernière version du journal et dont le blog offre notamment ce petit compte-rendu en images (cliquer sur l'affiche) :

J'aurai l'occasion de reparler ultérieurement de Mircea (interviewé l'an dernier pour le film)... et de la sortie de son livre !  :-)

Et enfin...
UN SCOOP ! Un dessin réalisé pour moi, histoire de se souvenir que Zor et Mlouf, en 1965 dans Vaillant, avaient inventé deux ou trois choses qu'on retrouverait sous une autre forme (mais en moins comique !) au cinéma... :




Cette chronique fut particulièrement longuette.... mais Kamb méritait bien ça !
Promis : la prochaine sera beaucoup plus digeste en lecture !



Les liens pour s'y retrouver :

Le DICENTIMBLOG ! : pour TOUT savoir sur Kamb... et plus encore !

"Le petit monde de Kamb" - séquence dessins de presse

"Le petit monde de Kamb" - séquence "la saga Couik"

"Le petit monde de Kamb" - séquence sur l'histoire de Dicentim

Interview vidéo : Kamb fête ses 75 ans et répond aux questions des lecteurs

Fête de l'Huma 2007 avec Jacques Kamb et l'équipe Vaillant Collector

Le blog de Mircea Arapu